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3700 km sur mon vélo, du nord des îles Shetland au Lot et Garonne, à travers l'Ecosse, l'Angleterre et la France .

LES BORDERS, LE NORTHUMBERLAND ET DURHAM/abbayes, cathédrale, collines, moutons et vaches

Publié par Vincent Souyri sur 20 Mai 2013, 22:33pm

De Edimbourg à Durham

De Edimbourg à Durham

Abbaye de Melrose

Abbaye de Melrose

  Jour 20

 

EDIMBOURG-JEDBURGH

( 95,7km, 5h41 , TOTAL : 1138 km)

 

OBJECTIFS : Rejoindre la région des Borders et passer ma dernière nuit en Ecosse

 

Reprendre le cuissard et oublier le confort du séjour chez Adrien (encore merci) pour reprendre la route.Couper le rythme juste un jour n'est pas trop difficile mais il n'en faudrait pas plus pour perdre l'esprit à pédaler. Pour durer je pense qu'il faut ne pas trop réfléchir le matin. Les mêmes gestes, le même rangement, partir assez tôt.Une fois sur le vélo la machine est lancée et on peut commencer à penser. Même si les pensées ne vont jamais bien loin : entre la concentration dans le trafic routier et la recherche de l'itinéraire il ne reste pas beaucoup de temps livre pour le cerveau. Sortie tranquille de la ville même si je dois encore rouler sur une route où plusieurs panneaux interdisent l'accès aux piétons et aux cyclistes ! Première étape de la journée : Galashiels. J'y arrive assez facilement, sans trop m'arrêter, de toute façon il n'y a rien de très touristique dans le coin hormis un musée de la mine en sortie d'Edimbourg. Un peu plus loin , Melrose, jolie petite ville où je vais admirer la belle abbaye depuis les grilles extérieures ( pas besoin de payer je trouve...). Site assez touristique, tout y est payant ! Même les jardins. Salon de thé vendeur de glace, petits restaurants et quelques visiteurs ce dimanche. Je suis ensuite une route cyclable, la route des abbayes, en compagnie d'un groupe de cyclistes roulant en veste fluo pour la lutte contre le cancer. Chargé , je suis assez satisfait d'aller au-moins aussi vite que le dernier . A Jedburgh, je vais encore admirer de l'extérieur une autre abbaye puis visiter un musée dans une ancienne prison de la ville, située en haut d'une sacré côte le long de laquelle je vais peiner à amener le vélo. La visite est très intéressante avec de nombreuses cellules, le chemin de promenade des prisonniers, de nombreuses explications sur la vie et les règles de l'incarcération au XIX ème siècle et avant, des expositions sur la ville et sur les illustres personnages...Bref, de quoi faire, et je serai le dernier ( à 16h) à quitter l'endroit, le gardien fermant derrière moi. Il ne me reste plus qu'à atteindre ma ferme proche de la frontière anglaise ( The Border) par une route qui s'élève graduellement dans un paysage devenant de plus en plus sauvage ( relativement à l'endroit...on n'est quand même pas au nord des Shetland) . Ma ferme du soir est bien à l'écart de la route principale et c'est déjà tout un plaisir d'y arriver. Au bout d'une allée, après une route alternant montées et descentes raide, j'arrive, le vélo recouvert de terre , dans une grande maison assez atypique. Les abords sont jonchés de matériel agricole, de morceaux de bois, de voitures...De tout et en vrac. L'intérieur sera de même. Très grande maison anciennement tenue par un riche propriétaire du coin elle regorge de pièces et de tout un tas d'objets hétéroclites. Mes hôtes du soir sont très hospitaliers, très concernés par l'entraide et par le devenir de notre planète. Un côté décroissant et écolo assumé mais pas de radicalité, juste une façon de vivre très souple au milieu de tous ces objets qui ne partiront pas à la poubelle. Gens charmants qui vont bien me gâter. Nuit au pied d'un poêle sans besoin de berceuse.

 

Les Borders, frontière avec l'Angleterre

Les Borders, frontière avec l'Angleterre

Jour 21

 

JEDBURGH -HEXHAM

( 76,6km, 4h35 , TOTAL : 1214 km)

 

OBJECTIFS : Passer la frontière vers l'Angleterre et traverser les paysages pastoraux le long du parc national de Northumberland pour rejoindre le mur d'Hadrien et Hexham

 

Tout commence dans le brouillard.J'allume la lampe clignotante à l'arrière et m'accroche aux bras et à une jambe des petits rubans fluorescents pour signaler ma présence sur la route. La frontière ( à 418 m d'altitude) se passe facilement. Un petit snack mobile sert quelques touristes de passages. Une pierre genre menhir marque la frontière ( England d'un côté,Scotland de l'autre) . Un joueur de cornemuse entonne l'air le plus connu d'Ecosse et aussi un « ce n'est qu'un au revoir » devant un groupe qui mitraille l'homme en kilt. Vues sûrement belles mais je ne vois pas dans le brouillard. S'en suit une belle descente dans un paysage plus dégagé et vraiment beau . Collines sauvages, peut-être mes dernières de ce genre et grands espaces , grand lac le long de la route et forêts dans les environs.Je ne peux m'empêcher de penser à la vie difficile de tous les anciens habitants du coin, soumis à des pillages récurrents et à des guerres cruelles entre les deux « pays » ennemis. Ces terres ont du être le théâtre de sanglants épisodes. Quelques panneaux touristiques en parlent parfois, montrant l'arrivée de cavaliers devant une ferme . Dans quelle époque sûre je vis...malgré toute l'insécurité que l'on veut nous faire croire.A W.Woodburn, je quitte la route principale pour les routes secondaires vers Bellingham ( charmante petite ville où je mange à côté d'un salon de thé installé dans un wagon de train) . Jusqu'à l'arrivée ce sera une alternance de montées et de descentes assez raides dans l'ensemble, il va falloir être endurant. Paysages très verts, champs remplis de vaches et de moutons, fermiers qui nourrissent leurs bêtes. Je vais rouler dans entre les mottes laissées par les tracteurs, dans l'odeur de fumier, pour quelques dizaines de kilomètres. Parfois de beaux arbres, des rivières et des vues dégagées vers le parc national de Northumberland. D'ailleurs je croise de nombreux sentiers dont le fameux Pennine Way. Pas loin de Simonburn je rejoins le mur d'Hadrien. Pas une première pour moi mais je me devais de rejoindre lors de ce voyage cet endroit mythique . Pas la section la plus spectaculaire mais c'est quand même un plaisir et un sacré voyage dans le temps que de se promener sur une portion en bord de route. 1M 20 de haut et 2 mètres de large, un semblant d'ancienne tour... Le mur serait difficilement distingué des autres murs du pays s'il n'était forcément mis en valeur et isolé comme il l'est parfois. J'arrive ensuite vite à Hexham par une voie cyclable qui longe une voie ferrée et une rivière pour arriver dans la petite ville plutôt charmante. Ma maison du soir, tenue par un septuagénaire en pleine forme et actif, sera cosy et typiquement anglaise. Accueil très chaleureux. David me fera faire un petit tour en voiture dans les environs , nous irons goûter une bière locale dans un pub en terrasse ( profitons-en, ans 2 semaines, les midges arrivent!) et nous partagerons un très bon repas végétarien sous sa véranda. Journée pastorale et assez physique. Le sommeil sera aisée à trouver.

Le mur d'Hadrien

Le mur d'Hadrien

 Jour 22

 

HEXHAM -DURHAM

( 59km, 3h46 , TOTAL : 1273km)

 

OBJECTIFS : Voir l'une des merveilles de l'art roman : la cathédrale de Durham

 

Journée sur le papier un peu prise à la légère mais qui va s'avérer plus difficile que prévue. Je commence par m'alléger de quelques kilogrammes en me débarrassant à la poste de ma tente, du matelas de sol, du réchaud et de la popote, du guide et de la carte d'Ecosse, du collant...Dans les 40 euros quand même mais je me sentirai bien plus léger par la suite et aussi plus rassuré lors de mes arrêts, sacs sur le vélo, dans les supermarchés. Ma foi, il fallait bien ce poids en moins pour passer les difficultés de la journée. Cela va être une succession de montées et de descentes courtes et raides, tout ce que n'aime pas le cyclotouriste. Vers Ebchester par exemple, je me vois du sommet de la colline observer le village en contrebas pour revoir la route remonter tout droit sur l'autre grosse colline en face. Démoralisant ! Passages à 20%, pas de moments de repos et je vais pas mal souffrir pour passer ce village. Que dire des paysages ? Rien de bien terrible et quasiment pas de photos aujourd'hui. Des champs avec moins de moutons que la veille, des cottages, des routes et du trafic. Je passe mon temps en apnée visuelle, pensant parfois à quelque chose d'horrible...rentrer et arriver. Pas de galère mais juste une journée sans grand attrait. Après Lanchester je rejoins une route cyclable qui passe à travers champs et forêts, fermes et parcs. Assez inondé mais tranquille et plutôt joli avec les champs de colza en fleur. Assez fatigué je souffre un peu du froid aujourd'hui et n'ai pas un rythme phénoménal je trouve. Disons que les côte casses-pattes du début font leur effet. Arrivé sur Durham, je suis avec plaisir les parcours fléchés de la route cycliste 14 qui, de détours en détours m'amène en plein centre-ville. Bien fait, je ne sais pas si on a un tel système en France. La cathédrale est immanquable, le reste pour le moment, ne me semble guère remarquable : quelques gars un peu paumés avec des looks à apparaître dans les vieilles chansons de Renaud, genre hooligans gringalets, des étudiants en slim et pas mal de trafic. Après quelques égarements et grâce aux photos de Google map ou de cartes papiers que je prends les veilles de mes courses j'arrive quand même sans trop de problèmes chez Agnieska et Julien pas loin du centre de la ville. Elle, polonaise, architecte diplômée de Cambridge, lui, ingénieur chez Caterpillar et ancien de l'équipe de France de VTT. Belle maison et accueil très chaleureux. Je m'attarde peu pour quand même visiter la cathédrale avant la fermeture. Petit arrêt chez le marchand de vélo pour essayer d'arrêter la corrosion qui commence à attaquer mon beau vélo : juste bien sécher et appliquer un peu d'huile ou de graisse. J'espère que ce la suffira.Je ne veux pas arriver en couinant du pédalier à Dausse. Le centre-ville historique de Durham est assez petit : une grande place de centre ville, genre Market place à l'allemande et non loin de là le château ( accès pour les étudiants ou en visite payante, je n'en vois qu'une grosse tour épaisse), quelques collèges ( je n'ai pas tout vu) , un grand pré au milieu, la cathédrale et ses tombes au fond. La cathédrale est impressionnante par sa taille . Habitué plutôt au style gothique celle-là, romane du XI ème est un réel exploit architectural. A l'intérieur, hormis la hauteur de la nef je remarque le monsieur en barbe et toge qui à l'aide de 3 cordes et de son téléphone portable fait sonner l'heure à l'ancienne. A côté de lui, un autre, en noir, sorti d'un monastère de cinéma, filtre l'entrée du chœur : une répétition ou une messe s'y prépare. Superbes atmosphère musicale, malheureusement les photos et les films sont ici strictement interdits. Bel endroit. Un petit coup d’œil aux collèges des alentours, très anciens comme à Aberdeen ou St Andrews. Dans une rue pas loin de là, des logements et clubs étudiants s'alignent l'un après l'autre. Je les vois rentrer, sortir et...travailler à travers les fenêtres. Pas aussi exaltant qu'à St Andrews mais je n'ai aujourd'hui qu'une vision superficielle de cette université. De retour dans mon quartier de Gilesgate, je cherche une rue ouvrière qui pourrait se retrouver dans Billy Elliot (censé se passer dans la région ) mais y arrive difficilement . Parfois quelques visions sur une rue aux maisons identiques, avec au coin un vieux fish and chips..mais guère plus.Je ne suis pas au bon endroit pour ça. Julien et Agniezka me diront pourtant bien qu'il y a deux mondes à Durham : le monde étudiant plutôt aisé et le monde ouvrier...Mais plus de mines depuis longtemps.

Soirée à préparer et à savourer un bon poulet aux épices puis passage en mode lounge dans le salon. J'essaye de réfléchir à mon futur trajet ..mais je bloque un peu sur le choix de l'itinéraire. Au lit après minuit, crevé.

 

Cathédrale de Durham (XI ème siècle)

Cathédrale de Durham (XI ème siècle)

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