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GO BIKE HOME

3700 km sur mon vélo, du nord des îles Shetland au Lot et Garonne, à travers l'Ecosse, l'Angleterre et la France .

BRETAGNE/ galettes et cidre, Breizh culture, chemins tout plat le long du canal, villes sinistrées et commerces fermés

Publié par Vincent Souyri sur 14 Juin 2013, 12:56pm

La Bretagne, de Roscoff à Blain

La Bretagne, de Roscoff à Blain

Ce que je chante sur les chemins...

Port de Roscoff

Port de Roscoff

Jour 43


 PLYMOUTH -ROSCOFF-CARHAIX

( 87,8 km , 6h07 , TOTAL: 2704 km)


 OBJECTIFS :Trouver une boulangerie, traverser les Monts D'Arrée et reparler français avec les Bretons.


 Bonne mais courte nuit. Je me réveille avec mes chaussettes sur les yeux au milieu de quelques retraités anglais en train de patienter autour de moi, me contorsionnant dans mon sac de couchage pour enfiler sous-vêtements et pantalon. Débarqué à Roscoff, sans carte, je vais un peu errer dans le port pour trouver ma route, souhaitant suivre la Vélodysée, voie verte cyclable qui longe la côte en partie jusqu'à Hendaye. Quel plaisir de me retrouver dans mon pays ! Je ressens avec beaucoup moins d'intensité bien sûr le plaisir qu'on pu ressentir certain(e)s à la fin de la 2ème guerre mondiale par exemple, lors du retour à la maison, à pied, à vélo, en stop etc...Bien sûr mon retour n'est pas périlleux, je n'ai pas un passif de souffrances dans ma tête mais rentrer chez soi par la route d'un autre pays, c'est quand même ressentir un peu l'appel du Home Sweet Home. Et même en tant de paix, cela fonctionne ! Le port s'éveille : je vois Erik, Loïc et Yann qui sur une petite barque rejoignent leur bateau.Je vois le ferry pour l'île de Batz. Je vois des publicités pour la Solitaire du Figaro...Bref je me crois dans Thalassa un vendredi soir avec tous ces noms que j'entends depuis des années. Ville très tranquille. J'aperçois vite une boulangerie et m'y précipite , après avoir retiré des euros. La vendeuse essayant de répondre à mes questions m'embarque dans un sketch de Laspales et Chevalier : «  Pour aller à Morlaix, vous suivez St Pol ou Plumelec, à mois de passer par Gouvrai puis Pontavec , Kerinou ..Mais bon moi et le vélo ». J'invente un peu les noms, mais l'accent et l'accumulation des termes bretons me font bien rire. Par contre le pain au chocolat et le pain aux raisins, ça c'est du sérieux. Pas donné mais délicieusement bon et avalé face au port. Là encore le corps revit comme si les connexions gustatives retrouvaient vigueur dans ma bouche.

Que dire ensuite de la journée ? Je passe par plusieurs états : de l'excitation à la lassitude et à la fatigue. D'abord l'excitation à suivre les balisages, les petits chemins au milieu des champs d'artichauts. Passage à St Pol, haut lieu maraîcher, où j'achète des pommes (enfin pas chères) à un gars qui se montre en photo à côté de Cyril Lignac pour montrer son sérieux dans le domaine du chou-fleur. Joli petit marché plein de bonnes choses, et là, je vois la différence d'avec le Royaume-Uni. En une journée je vais voir tant de boutiques de nourriture saine, je comprends notre réputation outre-manche. Routes tranquilles, un peu de pluie, j'arrive à Morlaix où je perds mon chemin. Petit port en centre-ville, immense manufacture, imposant pont (ou aqueduc) enjambant la ville. Des choses à voir mais je commence à être bien mouillé et fatigué. Je récupère les grandes routes en notant de suite la différence avec celles d'Angleterre. Peu de trafic. Vraiment personne et j'en arrive à me demander si les villages traversés ne sont pas sinistrés. Pas un chat, des maisons à vendre ou abandonnées et un silence surprenant. J'en suis parfois à rouler en plein milieu de la chaussée. La traversée des Monts D'Arrée sera pénible pour moi.Tiraillé par la faim je ne trouve rien pendant des kilomètres. Cela monte, arrive dans des sortes de landes au sommet, traverse des villages fantômes...Sentiment d'isolement étrange. Puis dans un virage une sorte de guinguette tenue par un allemand. Ambiance Route 66 et grosses voitures. J'y fonce sans réfléchir et me régale d'un steak à cheval de très bonne facture. Je ne suis pas sûr qu'il y ait eu un autre choix pour ce midi de toute façon. A côté de moi, seule cliente, une marcheuse des Pays-Bas, qui arrive de Rotterdam par la côte et qui campe. Bravo ! Je finis la journée assez poussivement, humide et fatigué. Arrivé à Carhaix, je dois malheureusement attendre 18h pour retrouver mes hôtes. J'erre donc un peu dans cette ville qui possède pas mal de sites d'intérêt historique pour finir sur un banc devant la gare SNCF. Du plaisir donc à retrouver mon pays mais aussi plus de 80 km qui usent après une nuit dans le ferry.

La soirée sera Breizh, à 100%. Dono, Lomick, Aurélie et leurs amis du terroir, sont exactement le genre de trentenaires que l'on imagine dans la ville qui organise le festival des Vieilles Charrues. Régisseur de spectacle, agriculteur bio, animateur jeunesse..avec une éducation en breton et des discussions très locales. Je m'amuse à les entendre parler de leurs amis, des bitures, des projets culturels, des problèmes de Rennes, des champs à préparer pour le festival...Pas un indépendantisme violent et sectaire mais une revendication territoriale et culturelle forte. Très bonne soirée autour d'un barbecue dans la capitale du centre Bretagne.

Le Finistère et ses chaumières

Le Finistère et ses chaumières

 

Jour 44


 CARHAIX-PONTIVY

( 101,1 km , 6h24 , TOTAL: 2805 km)


 OBJECTIFS :Rouler à plat le long des canaux et me perdre pour rajouter des kilomètres.


 Je quitte la sympathique tribu bretonne en début de matinée, sans carte et avec finalement peu d'informations sur mon itinéraire. A la différence de la partie britannique je voyage ici sans carte ni guide. Un peu comme si je voulais me laisser emporter par le courant sans vraiment faire autre chose que roule. Pas de Routard, ni de carte routière, juste quelques photos d'écran de Google Map. Alors je passe c'est sûr à côté de beaucoup de choses mais c'est un nouvelle expérience. Essayer le voyage à l’œil, en suivant les panneaux et en demandant aux gens. Je me base juste sur le site de la Vélodysée, censée me ramener à Royan au moins. Comme hier je vais encore une fois me perdre assez rapidement, et pour de bon cette fois. Je longe le Canal Brest-Nantes dans le mauvais sens et fais ainsi une erreur de 30 km. Les indications sont en fait très sommaires. Il y a des balisages partout, pour la randonnée, pour des circuits vélo...et rien de bien précis pour moi.Arrivé presque à Spezet ( les auditeurs de Matmatah reconnaîtrons le lieu) je me pose quand même la bonne question et trouve ma réponse avec un passant : je pars à l'opposé. Le chemin à l'aller était très sympathique, roulant dans la forêt et surplombant le canal. Je vais prendre le chemin de halage longeant le canal et retourner quasiment jusqu'à Carhaix, pestant un peu contre ce manque de balisage précis, surtout vu l'ampleur des dégâts. Si je m'en tiens à ce qui était prévu je dois m'attendre à vite dépasser les 100 km aujourd'hui. Sentier plat forcément, roulant par moment mais aussi très sablonneux et lourd parfois avec l'humidité ambiante. Paysages monotones mais sentiment d'isolement appréciable. Quelques cyclotouristes rencontrés mais un canal vide de bateaux. Je ne crois pas qu'il soit navigable sur cette portion : les écluses semblent fonctionner mais des arbres obstruent j'en suis sûr quelques portions. Régulièrement, à chaque écluse, il y a une maison avec son numéro. Certaines sont habitées, d'autres sont en ruine. Je poursuis ainsi jusqu'à croiser une route départementale qui me mènera à Pontivy. Route encore une fois déserte, passant au milieu des blés et des arbres, parfois par des villages où tout est à vendre ou fermé. Rien d'exceptionnel. Comme hier je reste surpris par la vue de tous ces bar fermés et par toutes ces maisons à vendre. Arrivé en trombe à Pontivy, je me promène un peu dans la ville, observant quelques belles maisons à colombages,puis rejoins mon hôte du soir dans un joli coin isolé en bordure de la ville. Journaliste en langue bretonne pour une radio locale...décidément je poursuis mon imprégnation de la Breizh culture.

Au final, une grosse journée au niveau des kilomètres, mais les jambes tiennent bien le coup et je suis encore loin de l'épuisement.


 

Le canal de Nantes à Brest

Le canal de Nantes à Brest

 Jour 45

 

PONTIVY-MALESTROIT

( 74,7 km , 3h47 , TOTAL:2880 km)

 

OBJECTIFS :Longer le canal à grande vitesse sous le soleil pour rejoindre le Morbihan.

 

Yaëlle devant présenter le journal en breton à sa radio à une heure très matinale, elle me laissa l'occasion de passer une matinée tranquille dans sa jolie maison. Pas le temps de ne rien faire, beaucoup de travail sur l'ordinateur jusqu'à son arrivée pour le déjeuner. Nous partons à Pontivy dans une crêperie populaire où je vais être surpris par le prix du menu 8,5 euros pour une galette, une crêpe dessert et un verre de cidre. Très bon et j'en avais vraiment envie. Pas le choix ici, pas d'entrecôtes ou de soupe...on n'a le choix qu'entre crêpes ou galettes mais c'est cette spécialisation qui fait l'authenticité du lieu. 3 dames étalent et étalent encore de la pâte sur des crêpières qui en ont vu couler. Bien reposé et très satisfait de ma pause matinale je prends la route sous le soleil en direction de Malestroit. D'abord par la route départementale toujours aussi peu fréquentée. Grand plateau et grande vitesse. Je rejoins la petite ville de Rohan, tranquille et y retrouve la voie le long du canal. Ce sera alors du plat jusqu'à la fin par un sentier goudronnée très roulant et vraiment agréable sous ce soleil. Petit arrêt au monastère de Timadeuc où je discute un peu avec l'un des 26 moines y séjournant. Ils y préparent du fromage et des pâtes de fruits. On ne visite pas, mais quelques lycéens sont là pour réviser leur baccalauréat dans une ambiance bien sérieuse forcément. Le long du canal, bien large par ici, et navigable, je me régale en écoutant ma musique intérieure, en mode pédalage automatique, observant les champs, les quelques pêcheurs et filant bon train. Quelques arrêts sur les nombreux bancs et vraiment le sentiment de vivre en totale liberté. Exaltant. A Josselin, je passe au pied d'un imposant château. Des bateaux fluviaux circulent à côté de moi mais ne peuvent suivre le rythme... Je me retrouve vite à St Marcel, petit village où je rejoins Valérie dans sa jolie petite longère. Bonne soirée autour d'un repas avec une de ces amis à parler de notre amour de l'Angleterre, de Friends, de notre année Erasmus ou des meilleures comédies romantiques anglaises...Très bonne atmosphère et encore une journée complète, comme la galette, où rien de manque. Je suis comblé.

 

Château de Josselin

Château de Josselin

 Jour 46

 

MALESTROIT-BLAIN

( 83,8 km , 4h31 , TOTAL:2964 km)

 

OBJECTIFS : Rejoindre la Loire Atlantique et expérimenter de nouveau la monotonie du chemin de halage

 

Je passe la matinée tranquille dans la maison vide, Valérie m'ayant offert une grasse matinée, me faisant confiance pour bien fermer la porte en partant Toujours du temps occupé pour l'organisation. Vers 14h je pars pour ce que je pense être une promenade facile le long des canaux . Plus de 80 km à faire mais de toute façon on ne m'attend pas avant 18h30. En fait j'ai été un peu trop confiant. Le chemin sera moins roulant qu'hier et je vais finir un peu en contre la montre. Je commence par passer par Malestroit, petite ville avec un centre assez ancien : maisons à colombages, statues, églises, rues étroites. Puis du canal et encore du canal sur une trentaine de kilomètres jusqu'à Redon. Je rencontre en route un gars qui tracte sa roulotte d'une centaine de kilos, un autre qui se présente d'entrée comme un érudit et qui m'interroge et me fait un cours sans que je lui demande rien. Barbant ! L'éclusière m'apprend que le trafic est très faible aujourd'hui, surprenant car la saison est bien commencée. Par moment , comme vers l'île aux Pies, le sentier prend des airs de paysages méditerranéens, avec même des collines rocheuses pour changer du plat et des champs. Des loueurs de bateaux et un parcours accrobranche. Quelques cyclistes mais je suis vraiment au calme. La traversée de Redon ne m'apporte rien, elle me relance sur une autre section de canal, bien plus sauvage et bien moins roulante encore. Un gars m'arrête sur un pont et me dit tout excité : «  Regardez...je ne sais pas si c'est un ragondin ! ». Je lui conseille d'attendre et il aura sa réponse. Sentiment d'isolement, pas un bateau, pas un cycliste. Je poursuis une dizaine de kilomètres luttant pour arriver à rouler à 20km/h puis abandonne vu l'heure en rejoignant la grande route. C'est assez monotone, cela secoue, cela abîme le vélo, j'augmente mon risque de casse ou de crevaison et en plus je suis en retard. La grande route sera ...droite et vallonnée jusqu'à Blain, but de ma journée. Mode contre la montre, à fond, pour arriver vers 19h30 dans la petite ville anonyme, chez Marina, une collègue enseignante de 38 ans. Apéro et repas breton avec galette et cidre plus mon supplément pâtes obligatoire même si je ne considère pas mes journées ici comme épuisante pour le physique. Etape peu photogénique et pas grand chose à se mettre sous la dent niveau paysage. J'espère retrouver la beauté de ces régions de l'ouest en regagnant la côte les jours prochains.

 

La galette bretonne chez Marina

La galette bretonne chez Marina

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C
Où es tu donc en ce 24 Juin ?? bon anniv mister Vince ! bises
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S
un mobil home t'attend à Clisson, samedi si tu veux voir Europe après l'Europe !
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